Isma Cess - Islam goes to Hollywood

Dans l'eau de Nice, Plaisir, 2021

[...] Un mécanisme similaire est à l’oeuvre dans la série « Islam goes to Hollywood » qui a bénéficié d’une grande résonance. Cette fois aussi, notre regard est happé par des images d’une forte esthétique publicitaire. Dans un joyeux syncrétisme anachronique, les personnages de la série portent hijab, walkman et qamis, tout en utilisant vinyles, sajada et boules disco. Il s’agit ici de questionner les lacunes de la construction de notre mémoire collective, en hybridant médiums, époques et cultures. En employant aussi bien des symboles des années funk que des attributs de la culture de ses parents, Ismaël Bazri se saisit de champs de l’histoire visuelle laissés en jachère, comme pour révéler que cette déficience de représentation est hélas toujours en cours aujourd’hui. Loin d’être satisfaites de cette situation, ces photographies se libèrent de leur medium. Elles deviennent sculptures en s’apposant sur des tapis de prière, qui deviennent elles-mêmes partie intégrante d’un dispositif scénographique. Des photographies qui se déploient dans le monde réel pour amorcer sa transformation.

Andy Rankin, Revelations Emerige X, 2023

Dans l'eau de Nice, photographie argentique 50x75cm contrecollée et installée sur tapis de prière 80x120cm, Plaisir, 2021

Islamic Groove, Valence, 2020

Islamic Groove, photographie argentique 30x45cm contrecollée et installée sur tapis de prière 65x105cm, Valence, 2020

Aïcha Ingalls, St Gervais, 2022

Aïcha Ingalls, photographie argentique 30x45cm contrecollée et installée sur tapis de prière 65x105cm, Saint Gervais, 2022

Just an Illusion, Paris, 2020

Memory Card, Paris, 2020

Memory Card, photographie argentique 30x45cm contrecollée et installée sur tapis de prière 65x105cm, Paris, 2020

Rescue, 2022

Another brick in the wall, Valence, 2020

Another brick in the wall, photographie numérique 30x45cm contrecollée et installée sur tapis de prière 65x105cm, Valence, 2020

[...] Le titre pourrait résumer la démarche de l’artiste : rassembler dans une même image deux univers opposés mais qui constituent les deux pôles du biotope culturel dans lequel il a grandi : la culture musulmane et la culture populaire. Chaque oeuvre procède d’une composition qui articule des éléments symboliques empruntés à l’un et à l’autre des univers pour produire une image de synthèse, voire syncrétique. Une image porteuse de l’amorce d’une fiction – toute hollywoodienne – où il ne serait pas si difficile d’assumer une condensation de codes a priori antagonistes. Toute approche trop sentencieuse ou moralisatrice est prévenue par un humour subtil, une irrévérence bienveillante (ne serait-ce que dans le titre évoquant un groupe de rock au répertoire sulfureux), et matinée de la nostalgie d’une enfance à peine évanouie. La référence Hollywoodienne évoque l’hégémonie d’un modèle culturel mais sous-tend aussi l’histoire d’une industrie construite par des individus issus de diaspora successives, juifs fuyant le nazisme, allemands en rupture de ban, italiens en mal de reconnaissance ou plus récemment ressortissants latinos ou asiatiques. Chacun, riche de ses racines, pétri de ses contradictions, s’est trouvé en situation de produire des oeuvres universelles s’adressant au plus grand nombre, au-delà des appartenances religieuses et culturelles. Répondant à l’envie de donner de l’épaisseur aux images et de s’affranchir des codes de la photographie documentaire, Ismaël Bazri n’hésite pas à intégrer des objets en trois dimensions à ces images, en en faisant des objets hybrides, photo-objets comme d’autres avant lui ont fait des tableaux-pièges (Spoerri). L’usage de tapis de prière de fabrication industrielle renforce la référence à la Pop culture, ce bien de consommation courante sans valeur artistique devient littéralement le support d’une oeuvre unique, une image dans le tapis, au sens littéral du terme.

Nathalie Lafforgue, Collection departementale d’art contemporain Seine-Saint-Denis, 2022

Middle East Coast Classic, Valence, 2020

Middle East Coast Classic, photographie numérique 30x45cm contrecollée et installée sur tapis de prière 65x105cm, Valence, 2020

Most Wanted, Valence, 2020

Most Wanted, photographie argentique 30x45cm contrecollée et installée sur tapis de prière 65x105cm, Valence, 2020

Once upon a time in Masjid, Valence, 2020

Once upon a time in Masjid, photographie argentique 30x45cm contrecollée et installée sur tapis de prière 65x105cm, Valence, 2020

Ain't no mountain high enough, Los Angeles, 2024

Off Road, Los Angeles, 2024

Aeroclub, Valence, 2023

Rituals, Valence, 2021

Rituals, photographie argentique 30x45cm contrecollée et installée sur tapis de prière 65x105cm, Valence, 2021

Disorient Game, Marseille, 2024

Rencontre du troisième type, Paris, 2021

Rencontre du troisième type, photographie argentique 50x75cm contrecollée et installée sur tapis de prière 80x120cm, Paris, 2021

Waterworld II, Valence, 2024

Austin, Valence, 2021

Austin, photographie argentique 30x45cm contrecollée et installée sur tapis de prière 65x105cm, Valence, 2021

La plage, Marseille, 2021

Arabian Psycho, Paris, 2021

Arabian Psycho, photographie argentique 30x45cm contrecollée et installée sur tapis de prière 65x105cm, Paris, 2021

Night fever, Paris, 2020

Un étrange mariage, photographie argentique 30x45cm contrecollée et installée sur tapis de prière 65x105cm, Paris, 2021

Un étrange mariage, Paris, 2021

Vue d'exposition Ce qui est déjà là, Centre Pompidou, Paris, 2023

Vue d'exposition Islam goes to Hollywood, Ateliers Medicis, Clichy-sous-Bois, 2021

Vue d'exposition Zahltag, Le Commun, Genève, 2024

Vue d'exposition Islam goes to Hollywood, Ateliers Medicis, Clichy-sous-Bois, 2021

Vue d'exposition The futur of the past, Maison du Danemark, Paris, 2024

Vue d'exposition Hit again, Institut Français, Madrid, 2024